Prix négatifs de l’électricité : une réalité de plus en plus fréquente

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Il peut sembler contre-intuitif qu’un bien de première nécessité comme l’électricité se vende à prix négatifs sur les marchés. C’est pourtant ce qui arrive lorsque l’offre excède la demande. Un phénomène qui devient récurrent notamment en été, où la consommation est plus faible et la production renouvelable est plus forte.

Comment l’électricité peut-elle se vendre à prix négatif ?

Un prix négatif d’électricité correspond à une situation sur le marché où l’offre excède largement la demande. Concrètement, les producteurs doivent payer pour injecter leur production dans le réseau électrique. Ce phénomène se produit principalement lors de faibles consommations couplées à une forte production, notamment d’énergies renouvelables (EnR) comme le solaire ou l’éolien, qui sont par nature intermittentes.

Par définition, un prix négatif survient lorsque « l’offre sur un marché dépasse la demande. » Ces épisodes illustrent le défi d’équilibrer un système où la production intermittente renouvelable occupe une part croissante. À titre d’exemple, les périodes estivales en milieu de journée, où la production photovoltaïque est à son maximum et la consommation à son creux, favorisent l’apparition de ces prix négatifs.

Au premier semestre 2024, la CRE a en effet recensé 235 heures de prix négatifs sur les marchés de gros, contre 147 pour toute l’année 2023.

Emmanuelle Wargon,
Présidente de la Commission de régulation de l’énergie (CRE)

Le marché n’est pas défaillant pour autant

Les prix négatifs ne reflètent pas un dysfonctionnement du marché de l’électricité. Bien au contraire, ils témoignent d’un mécanisme qui assure une coordination efficace des différentes unités de production à court terme. Les défis se posent plutôt dans la gestion des investissements à long terme, essentiels pour répondre aux besoins structurels du système électrique et à la nécessaire transition énergétique.

Existe-t-il des limites aux prix négatifs ?

Oui, des limites techniques existent pour éviter des déséquilibres extrêmes. Sur les marchés couplés Day-Ahead, le prix minimum est fixé à -500€/MWh, et sur les marchés Intraday, il peut descendre jusqu’à -9999.9€/MWh. Ces planchers garantissent une stabilité et une cohérence économique dans les transactions.

Ces limites s’inscrivent dans une méthodologie harmonisée au niveau européen, validée par des régulateurs comme l’ACER. Elles permettent de maintenir un cadre structuré tout en reflétant les conditions réelles du marché.

Les prix négatifs ont-ils un impact sur la facture d’électricité ?

Pour les particuliers, les prix négatifs ont un effet amortisseur sur la facture globale. Bien que l’effet ne soit pas immédiat sur les tarifs pour les consommateurs résidentiels, ces épisodes modèrent les coûts moyens sur l’année. Ils peuvent contrebalancer les hausses drastiques observées lors de pics de demande, principalement en hiver.

Les prix négatifs d’électricité, bien que péjoratifs par définition, ne sont pas une anomalie. Ils traduisent les évolutions du mix énergétique et le besoin de flexibilité dans un système intégrant de plus en plus de renouvelables.

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Amine Schneider
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