Prix négatifs de l’électricité : un problème, des solutions ?

Les effets de bords des prix négatifs

Les prix négatifs envoient un message clair : il y a trop de production à un instant T.
Avec l’essor des énergies renouvelables, ce phénomène devient plus fréquent.

Ce signal peut être perçu positivement si l’on agit en conséquence : produire moins et déplacer ses consommations lors de ces périodes, peut être source de gains financiers. Cela permet aussi d’éviter les émissions de gaz à effet de serre émises par des centrales fossiles.

Ces dernières rentrant en fonctionnement lors des pics de consommation, en déplaçant les consommations vers des heures moins tendues pour le réseau, on évite leur mise en route. Et tout le monde y gagne !

Cependant, une fréquence trop élevée de ces occurrences peut poser question. Elle pourrait affecter la rentabilité des futurs investissements dans les capacités de production renouvelables, et ainsi peser sur la transition énergétique.

Une incitation à ajuster la production…

Lors d’épisodes de prix négatifs, les producteurs d’énergies renouvelables doivent faire un choix : continuer ou arrêter de produire. Cette décision s’évalue en fonction des coûts inhérents à ce choix.

Les mécanismes de soutien dont sont bénéficiaires certaines installations, ainsi que les coûts de redémarrage des centrales les incitent souvent à continuer à produire, même à prix négatifs. Une démarche plus rationnelle économiquement pour les producteurs.

Les solutions de pilotage des centrales à distance permettent de réduire ou arrêter leur production lors de période de prix négatifs. Un parc photovoltaïque peut être stoppé en une minute, et une éolienne en deux à trois minutes, ce qui offre une flexibilité précieuse et une perte financière limitée. Un système de stockage peut également accompagner les producteurs à valoriser leur énergie par ailleurs, notamment lors de période de consommation plus intense.

… et la consommation

Pour les consommateurs, les prix négatifs offrent des opportunités financières, dès lors qu’on opère une flexibilité de la demande.
En déplaçant leurs consommations vers ces périodes de prix négatifs, les consommateurs profitent d’une énergie moins chère et réduisent ainsi leurs dépenses énergétiques. C’est ce qu’on appelle l’effacement.

Ces stratégies nécessitent toutefois une flexibilité opérationnelle, des outils de gestion et des offres adaptés. Elles s’appliquent tant au consommateur particulier qu’aux industries dites « électro-intensives ».

Limiter les prix négatifs : les recommandations de la CRE

La Commission de Régulation de l’Énergie (CRE) a publié un rapport détaillant des recommandations pour mieux gérer les prix négatifs. Les principales propositions sont les suivantes :

L’optimisation des dispositifs de soutien aux EnR

• Modifier les contrats d’obligation d’achat (OA) pour inciter les producteurs à arrêter leur production en période de prix négatifs, en compensant les pertes financières.
• Instaurer une flexibilité progressive pour éviter des coupures.

La participation de la production renouvelable à l’équilibrage du réseau 

• Renforcer l’obligation de prévisions de production pour mieux anticiper les déséquilibres.
• Rendre obligatoire la participation des parcs EnR aux mécanismes d’ajustement, favorisant une meilleure intégration au réseau.

Favoriser le développement de nouvelles solutions 

• Encourager les investissements dans le stockage (batteries) et des technologies émergentes comme l’hydrogène vert.
• Réduire les obstacles administratifs pour faciliter l’innovation dans la gestion de l’énergie.

Du côté des consommateurs particuliers, des réflexions sont en cours pour modifier les heures pleines et creuses, afin d’inciter financièrement la consommation pendant les périodes de forte production solaire. De nouvelles offres de marché d’électricité voient le jour en ce sens.