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🎙️ Full remote, ou le travail 100% fait maison

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Mise en lumière par Valentin Thiriet,
Responsable contenus chez elmy
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En 2017, seuls 3% des salariés français pratiquaient le télétravail au moins un jour par semaine ; c’est ce que révèle une étude du Ministère du travail. Mais avec la crise sanitaire, notre rapport à l’espace professionnel, et au travail en général, a considérablement changé dans le secteur tertiaire. D’ailleurs, selon l’INSEE, en 2021, ce sont 22 % des salariés qui ont télétravaillé au moins un jour par semaine. Et parmi eux, 10% l’ont fait à temps complet.

Dans cet épisode, Valentin reçoit Mathieu, designer graphique chez elmy, qui a quitté Lyon pour la Bretagne il y a 2 ans. Depuis, il est en télétravail à temps complet. Aujourd’hui, il vient nous partager son témoignage sur ce mode de vie professionnel encore atypique.

Valentin – Bonjour Mathieu. Tu es entré chez elmy à Lyon en 2018. Comment ça se passait le télétravail à cette époque ?

Mathieu – À cette époque, le télétravail, c’était plutôt exceptionnel. C’était vraiment quand on avait des contraintes, comme aller chercher un colis ou des choses comme ça, vraiment des exceptions. Mais c’était quand même toléré, autorisé. On avait à ce moment-là le droit d’adapter son planning en fonction, pour gérer des petits événements de la vie en parallèle.

V – Alors c’est en 2021 que tu as déménagé en Bretagne, et tu es passé en télétravail à 100%. Qu’est-ce qui a motivé cette décision ?

M – Je pense qu’il y avait un ras-le-bol de la grande ville. Lyon, c’est une ville où il y a beaucoup de petites micro-agressions du quotidien. À partir du moment où on a mis l’œil dessus, en faisant du vélo par exemple, ou des choses comme ça, on finissait avec ma compagne par ne voir plus que ça. Donc petit à petit, on s’est dit, bon, c’est peut-être pas tout à fait la vie qu’on veut avoir dans notre quotidien. Du coup, on a eu envie de quitter Lyon. C’était plutôt ça la motivation. Il y avait aussi la chaleur l’été, qui était un peu plus difficile. Je pense que pas mal de gens la subissent ; on s’est dit que c’était un élément important dans notre quotidien, de moins le subir. Et on s’est dit, bon, on va partir. Tant qu’à partir, où est-ce qu’on va ? Et donc, on s’est dit, bon, qu’est-ce qui est important pour nous ? Être un peu plus au frais et plus proche de la mer, de l’océan. C’était un petit peu la contrainte au départ, et on s’est dit qu’on allait partir plus au nord.

V – Mais c’est une région que tu ne connaissais pas…

M – En effet, c’est une région que je ne connaissais pas. Ma copine a sa grand-mère en Bretagne. Mais c’était surtout nos envies profondes qui nous ont emmenés là-bas.

V- Est-ce que ça a été compliqué de convaincre l’entreprise ? Est-ce que ça a été long à mettre en place ?

M – Non, ça a été des échanges. Dès que l’envie est venue, j’en ai parlé, tout simplement, en disant que ce serait un projet de vie. L’idée, c’était d’en parler, d’avoir un échange constructif, de se dire, est-ce que c’est possible ? Est-ce que c’est quelque chose qu’on envisage autant pour l’entreprise, pour les équipes, que pour moi, pour trouver un équilibre. Donc, ça a été, je pense, peut-être une année avant de partir concrètement, d’en discuter de temps en temps, de voir si c’était OK pour tout le monde. Et c’est comme ça que ça s’est fait. Beaucoup d’échanges, c’est la communication qui a été un élément-clé sur cette phase-là. Et à la fin, un peu avant de partir, bien sûr, on s’est dit, on tente l’expérience, on bosse à distance et on voit ce que ça donne.

V – Est-ce que tu es le seul dans l’entreprise à avoir ce statut-là ?

M – Aujourd’hui, je pense qu’on est plusieurs. Mais je pense que je suis le seul à être un ancien salarié « classique », dans les bureaux, à être parti à distance en temps plein. Je pense qu’il y a d’autres contrats qui ont eu lieu ou qui ont encore lieu de gens qui sont en distance à l’embauche.

V – Et concrètement, comment tu t’organises pour que ça marche ?

M – Du coup, il y a un rythme sur lequel on s’est mis d’accord. C’est de revenir au bureau à Lyon toutes les 4-5 semaines, pendant 2-3 jours en fonction. L’idée, c’était dans le choix de l’endroit où je vis aujourd’hui, d’avoir ce retour facile à Lyon. Donc c’était la proximité avec la ville de Rennes, le train direct Rennes-Lyon, qui permet d’être facilement à Lyon quand même pour revenir. Que ce ne soit pas une trop grosse contrainte. Si j’avais été à Brest, ça n’aurait pas été la même. Et après, au quotidien, ce qui est plutôt chouette, c’est qu’on a vraiment des outils qui sont adaptés. La visio, des outils d’atelier type Miro ou des choses comme ça, qui permettent de travailler en collaboration, même à distance. Je pense que de toute façon, ça concerne tout le monde qui fait du télétravail, en partie aussi. Donc tous ces outils-là sont bien installés chez elmy, et du coup, c’est assez facile. Moi aussi, j’ai voulu quand même garder cet esprit de travail en collectif, en allant en coworking. Donc c’est de mon choix d’aller en coworking une fois par semaine, dans l’idéal. Dans les faits, ça dépend des périodes. Des fois, c’est deux fois par semaine. Des fois, c’est pas du tout pendant quelques temps. Ça dépend un peu de la vie.

V – Côté travail, ça doit être assez compliqué de maintenir un lien avec les collègues.

M – Oui, ça c’est un vrai point qui a été un peu compliqué pendant un temps pour moi, c’était de voir les arrivées, les nouveaux dans l’équipe. elmy a eu une grande croissance en effectif cette année notamment. Ça fait un peu bizarre d’arriver à Lyon parfois et de ne pas reconnaître les nouveaux qui sont bien au bureau au début, dans tous les cas. Donc il y a des fois où ça fait un peu bizarre, mais c’est aussi l’opportunité de rencontrer des personnes nouvelles sur mes retours. Donc j’essaie d’aller au devant et de rencontrer les nouveaux, essayer de faire connaissance, tout simplement.

V – Et côté vie perso, ça doit pas être non plus simple de se créer une nouvelle vie dans cette région que tu ne connais pas ?

M – Oui, ça c’est le jeu, de tous les déménagements aussi. Je pense que contexte professionnel, l’entreprise, les bureaux, c’est un lieu où, autour d’un peu plus de 30 ans, on rencontre des nouvelles personnes. Il y a un tissu social qui se crée naturellement. Du coup, en arrivant là-bas avec ma copine, on s’est dit bon, on connaît pas grand monde, qu’est-ce qu’on fait ? Et du coup, voilà, c’est le moment où on sort un peu de sa zone de confort, qu’on profite de toutes les opportunités de rencontrer des gens autour de soi, via associative, la commune ou des choses comme ça. Et nous, on a une petite anecdote un peu rigolote. On était, voilà, on va faire nos courses régulièrement dans une Biocoop pas loin de là où on vit. Et il y avait une vendeuse qu’on voyait régulièrement. Et puis, on s’est dit avec ma copine que le courant passait vraiment bien. On discute bien à chaque fois. Elle nous reconnaît, elle nous fait coucou quand on arrive dans le magasin. On s’est dit bon, il y a quelque chose à faire. Et du coup, c’est la première fois de ma vie qu’avec ma copine, du coup, on est allé aborder une inconnue, entre guillemets, qu’on connaissait peu. Et finalement, elle et son compagnon sont devenus un couple d’amis avec qui on passe des moments sympas aujourd’hui.

En arrivant là-bas, c'est le moment où on sort un peu de sa zone de confort, qu'on profite de toutes les opportunités de rencontrer des gens autour de soi, via la vie associative, la commune ou des choses comme ça.

Mathieu Bessot,
Designer graphique chez elmy.
V – Donc, il y a ça et l’espace de coworking dont tu parlais tout à l’heure…

M – L’espace de coworking, ça, c’est vraiment un élément-clé de notre arrivée, du coup, d’abord à Rennes (parce qu’on est passé par Rennes pendant quelques mois, avant de déménager à la campagne entre Rennes et Saint-Malo. Et là, c’est super parce que c’est un espace de coworking appelé La Cordée, où il est vraiment simple de faire connaissance. Ce sont des gens qui sont tous un peu dans la même dynamique de rencontrer du monde, de potentiellement des nouvelles personnes qui arrivent dans la région, dans la ville. Du coup, tout le monde est vraiment ouvert à la rencontre. Et pour moi, ça a été un élément-clé de l’arrivée à Rennes.

V – Aujourd’hui, ça fait deux ans que tu es en télétravail à temps complet. Avec le recul, qu’est-ce que tu y as gagné ?

M – Je pense que ça permet de voir les semaines d’une manière tout à fait différente. Il n’y a plus cette idée de trajet pour aller au boulot. Donc ça, c’est un gain de temps sur la vie perso qui est assez fort. Mes pauses, c’est plutôt d’aller dans le jardin, d’aller observer la nature autour de chez moi si je peux. Je peux partir 20 minutes, aller faire du désherbage, regarder les poules et les grenouilles. Ça, c’est assez atypique alors que j’étais plutôt citadin avant. C’est un petit peu aussi à double tranchant. Il n’y a plus ces pauses informelles avec les collègues qui peuvent créer du lien autant dans le travail que dans la vie perso. Mais dans l’ensemble, je pense que le fait de gagner du temps et de profiter de là où on vit pleinement, c’est quelque chose qui est très fort pour moi. Je ne sais pas si c’est pareil pour tout le monde, si c’est un besoin que chacun a. Mais en tout cas pour moi, c’est vraiment un gain de confort de vie et de lien avec la nature très important.

V – Tu as parlé de cette impression d’en profiter pleinement. Est-ce que lorsque tu vas à Lyon régulièrement, tu te donnes les moyens justement d’en profiter pleinement?

M – Oui, c’est sûr que c’est des moments où je ne suis pas forcément sur une productivité forte sur mes sujets, même si je ne suis pas là pour rigoler. C’est l’occasion de faire des réunions, des ateliers avec les équipes en direct. Donc, ça, c’est super important. Malgré tout, je veille à ce que ça ne prenne pas toute la place parce que c’est aussi le moment d’avoir de l’informel, de finir la journée pas forcément trop tard pour pouvoir aller boire un coup, pouvoir rencontrer les collègues, jouer à la console. C’est quelque chose qu’on essaie de garder avec un petit groupe de chez elmy. Les petits temps de café, tous ces moments-là qui ne sont pas dans le quotidien, ça permet vraiment de garder les liens avec chacun. Et ce que je disais aussi, rencontrer les nouveaux autant que possible, même si c’est difficile. Et du coup, c’est une frustration que j’essaie de moins intégrer comme quelque chose de trop grave pour moi. Ça évolue.

Gagner du temps et profiter de là où on vit pleinement, c'est quelque chose qui est très fort pour moi. [...] C'est vraiment un gain de confort de vie et de lien avec la nature très important.

Mathieu Bessot,
Designer graphique chez elmy.
V – Qu’est-ce que tu dirais à une personne qui hésite à sauter le pas, à passer au télétravail à temps complet?

M – Je pense que ce qui compte, c’est vraiment l’observation de ses besoins pour voir si le télétravail y répond. C’est-à-dire si tu as le besoin d’avoir des relations avec tes collègues au quotidien, de n’avoir qu’à lever la tête pour poser une question à un tel ; alors je pense que c’est potentiellement difficile de se retrouver un peu seul et du coup à avoir à faire la démarche, de lancer un appel sur Teams ou d’envoyer un petit message, etc. Donc là, c’est vraiment une chose que j’ai intégrée comme étant ma façon d’aller vers les gens. Donc je n’ai pas peur d’aller déranger les gens avec qui je travaille au fil de l’eau. Si ça, c’est quelque chose qui n’est pas intégré dans notre fonctionnement, ça pourrait être un peu difficile. Sinon, il faut y aller parce que pour moi, en tout cas, ça a répondu à beaucoup de points côté perso et même dans la façon de travailler qui est tout à fait différente, très nouvelle, ça a répondu à beaucoup de choses qui me font du bien.

V – Et qu’est-ce que tu dirais à une entreprise qui hésite à mettre en place une telle pratique ?

M – C’est ultra responsabilisant, ça crée de l’autonomie de permettre ce genre de choses. Chez elmy, il me semble que dans la charte télétravail, on a mis comme contrainte le fait qu’il fallait avoir un an d’ancienneté, pour pouvoir bénéficier de ce télétravail à temps plein. Je pense que c’est une bonne chose parce qu’une première année en lien direct avec ses équipes semble pour moi assez importante. Même si je sais que des entreprises embauchent directement en télétravail, je pense que c’est quelque chose qui est quand même assez important pour créer le lien de base, un socle solide. Mais après, à partir de ça, je pense que tout est possible. Il ne faut pas se priver d’un talent parce qu’il ne peut pas être physiquement présent tous les jours ici. Je trouve que pour une entreprise, c’est un peu dommage de se priver de ça, alors que c’est tout à fait possible aujourd’hui avec les outils qu’on a.

V – Et tu lui dirais quoi au Mathieu de 2021 qui hésite à passer au télétravail à 100% ?

M – Je lui dirais : « écoute tes envies, tes besoins, n’aie pas peur d’aller voir l’employeur pour en discuter, et vas-y, tente-le, si c’est quelque chose qui te ferait du bien, parles-en surtout ». En fait, c’est ça, je pense qu’il ne faut pas avoir peur de s’écouter, d’écouter ses besoins, et d’en parler avec les équipes. Chez nous, les décideurs, c’est en commun avec l’holacratie, on en a parlé autant avec mon référent que les membres de l’équipe avec qui je travaille au quotidien, parce que ce n’est pas un choix qui se fait tout seul. Il faut qu’on en parle, ça c’est vraiment un truc-clé. À ce moment-là, j’ai peut-être pris un peu de temps pour en parler à tout le monde, c’était sûrement le temps dont j’avais besoin, mais il faut y aller, il ne faut pas avoir peur d’en parler.

V – Une fois que le télétravail à 100% a été mis en place, est-ce que ça a été l’occasion avec elmy de faire une sorte de bilan sur la manière dont ça s’était passé ?

M – Oui, c’était quelque chose qui s’est mis en place directement. C’était de se dire qu’on ne te laisse pas partir en télétravail à temps plein comme ça, et puis on s’en fiche. Au départ, on s’en est reparlé quasiment tous les mois, puis à six mois on a fait un vrai bilan d’étape en se disant « bon, est-ce que ça te convient ? ». Et est-ce que ça convient à elmy pour être sûr d’être bien alignés ? Et à un an, on a acté définitivement le télétravail à temps plein. C’était un peu bizarre parce que se dire que ça pouvait s’arrêter, ça aurait été étrange, on ne se l’est pas vraiment dit. On avait bon espoir que ça fonctionne : on avait vraiment cette idée de faire des points d’étape pour être sûr que ça convienne à tout le monde.

V – Quand on parle de télétravail à temps complet, ça peut faire rêver. On s’imagine travailler depuis n’importe où, prendre un van, traverser la France, voir d’autres pays, tout en continuant à travailler. Du coup, est-ce que la question s’est posée pour toi ? Est-ce que c’est quelque chose que tu as pu faire ?

M – C’est marrant parce que c’était vraiment un objectif aussi quand j’ai voulu faire ça, de me dire que j’allais peut-être pouvoir partir pendant deux, trois semaines, et puis travailler de là où je serais. Et je me rends compte qu’au final, pour l’instant, je l’ai fait assez peu. Je vois des collègues qui, eux, vont télétravailler alors qu’ils ne sont pas en télétravail à temps plein. Ils vont partir de Lyon pendant une ou deux semaines, je ne sais pas, dans la famille, des choses comme ça. Moi, finalement, je le fais assez peu. Je suis bien pour bosser chez moi ou au coworking à la Cordée à Rennes. Du coup, je ne l’ai pas trop fait, même si on a un van. Et j’ai fait en sorte que l’aménagement du van puisse permettre de travailler, notamment sur l’autonomie en électricité, parce que c’est quelque chose que je veux me permettre.

V – Et pour toi, c’est quoi être « branché » ?

M – Alors, être « branché », je le verrais comme faire le lien, garder le lien. Je pense que c’est quelque chose d’important, notamment par rapport à ce que je disais par rapport à l’arrivée des nouveaux que je ne connais pas trop. C’est quelque chose qui est fort pour moi, le lien, l’humain. On n’est pas là pour travailler chacun dans son coin. Donc, même en étant loin, on peut rester branché. Et c’est un peu ça, le résumé de tout ce qu’on s’est dit aujourd’hui.

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Pour cette seconde série de podcasts, nous avons voulu mettre en avant des personnes qui ont adopté une autre manière de travailler.

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Mise en lumière par
Valentin Thiriet
Responsable contenus chez elmy
En tant que plume d'elmy, je mets mon énergie au service de l’énergie. Je fournis les mots nécessaires pour insuffler information, pédagogie et bonne humeur à nos contenus.

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