Positionnement des principaux partis politiques sur la question de la transition énergétique
Les acteurs de l’énergie tentent de défendre l’héritage du Pacte Vert pour l’Europe, qui constitue un accélérateur pour les investissements dans les énergies renouvelables et une politique ambitieuse de réduction des gaz à effet de serre, mais qui est désormais la cible de débats houleux entre les candidats dans la course au Parlement européen. Les élections européennes de 2024 pourraient constituer un tournant pour le Pacte vert, remis en cause par la frange droite de l’électorat et par la « pause réglementaire » défendue par la majorité présidentielle en France.
Place publique (PS)
Sur les questions énergétiques, la liste Place publique (PS) promet :
- Engager la seconde phase du Pacte Vert, celle de la planification écologique, de l’investissement et de la réindustrialisation des nations en lançant un fonds souverain pour les énergies renouvelables et les industries de la transition.
- Libérer l’Europe de sa dépendance aux énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon…) en se donnant les moyens d’atteindre 75 % d’énergies renouvelables dans la consommation finale à l’horizon 2040 et en conservant une part de nucléaire dans le mix énergétique.
- De soutenir le développement des filières de batteries, de pompes à chaleur et de panneaux solaires avec, pour ces derniers, l’objectif d’équiper 1 toit sur 2 en Europe d’ici 2050.
- De financer un « ticket climat » (de 49 euros par mois en France) pour les trains régionaux tout en doublant les financements pour le développement des lignes de transports publics entre les moyennes et grandes villes européennes et en réinvestissant dans le fret ferroviaire.
- Faire baisser les factures d’énergie des ménages, des PME et des collectivités en faisant annuler en France les augmentations de taxes sur l’électricité, en portant une tarification sociale de l’énergie pour que les consommateurs les plus vulnérables paient à hauteur de leurs moyen.
Les Écologistes – Europe Ecologie Les Verts
Du côté des Ecologistes EELV, on souhaite « une Europe sans toxiques » et pour cela un éventail de nombreuses mesures à prendre est déployé et concerne :
- Le développement de la « recherche grâce au programme de recherche Horizon Europe pour améliorer et renforcer les techniques de dépollution ».
- L’interdiction immédiate de tout nouveau projet fossile en Europe et le démantèlement des oléoducs, gazoducs et infrastructures fossiles offshore.
- L’instauration d’un traité international de non-prolifération des énergies fossiles.
- Le rehaussement de la réduction des émissions de gaz à effet de serre de l’UE à 70% en 2030.
- La protection des consommateurs vulnérables et en situation de précarité énergétique, en instaurant une tarification sociale et progressive, avec les premières consommations gratuites, notamment d’énergie, tout en interdisant les coupures.
- L’établissement d’un plan européen pour la sobriété pour « mettre fin à la gabegie énergétique ».
- L’élaboration d’une politique d’adaptation au dérèglement climatique en encadrant notamment l’activité des assurances face au dérèglement climatique, mais aussi en mettant en place un fonds d’adaptation au dérèglement climatique, financé par un emprunt européen de résilience.
- L’ajout d’un objectif de 100% renouvelables dès 2040. « Le redéploiement du nucléaire ne sera pas susceptible de répondre à [l’urgence climatique] », précise le programme.
Le financement de la transition énergétique européenne via :
- La création d’un « fonds de souveraineté écologique » adossé à la Banque européenne d’investissement et doté de 100 milliards d’euros doit permettre à l’Europe de devenir actionnaire majoritaire des entreprises pétrogazières afin de « réorienter l’intégralité de leur stratégie vers le respect de l’accord de Paris pour le climat ».
Dans cette lignée, le parti propose également d’adapter les règles bancaires pour « stopper le financement des actifs carbonés » et de libérer des règles de concurrence les entreprises publiques réalisant des services d’intérêt économique général, notamment dans le secteur énergétique.Enfin, ce paquet de mesure vise à instaurer un ISF climatique.
Rassemblement National (RN)
De son côté, la liste du Rassemblement National souhaite fixer comme objectif :
- De baisser la facture d’électricité de 30 à 40% « en rétablissant un prix français de l’électricité ».
- La protection du mix électrique français en refusant « toute ingérence européenne ». Le RN précise notamment s’opposer « à la libéralisation des concessions des barrages hydroélectriques et au développement des énergies intermittentes (éoliennes) imposées par l’UE ».
- De promouvoir une « diplomatie écologique » française en exportant ce savoir-faire industriel en énergie décarbonée.
- De s’opposer notamment à la libéralisation des concessions des barrages hydroélectriques et au développement des énergies intermittentes (éoliennes) imposées par l’UE.
Enfin, la liste assure vouloir rejeter l’interdiction de la vente des voitures à moteur thermique en 2035, le renouvellement du permis de conduire tous les 15 ans et lutter contre les zones à faibles émissions (ZFE).
Renaissance
La liste Renaissance portée par la majorité présidentielle reste fidèle à sa stratégie du “en même temps”. Les mesures annoncées par la tête de liste Valérie Hayer sont notamment :
- De proposer une sortie des énergies fossiles avant 2050 grâce au nucléaire et aux énergies renouvelables et d’en finir « avec l’énergie russe d’ici 2025 ».
- Que l’Europe finance activement un grand projet industriel de réacteurs et de compétences pour tripler d’ici 2050 l’énergie nucléaire dans les pays européens volontaires.
- Viser un déploiement d’ici cinq ans des premiers petits réacteurs nucléaires européens (jugés plus aisés à installer et avec moins de déchets).
- Déployer l’énergie nucléaire dans les pays européens volontaires par des investissements massifs, et viser une production triplée d’ici 2050.
- S’inscrire dans la continuité de la politique gouvernementale : « en finir avec les guerres de religion nucléaire EnR » (Roland Lescure) ; relancer le nucléaire (discours de Belfort 2022) dont les SMR ; accélérer le développement des EnR (loi ACER).
La France Insoumise (LFI)
Du côté de la liste LFI, l’objectif affiché est de « passer au 100% renouvelable en Europe » à l’horizon 2050 et la neutralité carbone dès 2040. Pour atteindre cela, les propositions sont :
- La suppression de toutes les subventions aux énergies fossiles, de réserver les fonds européens au développement de l’hydrogène vert et de négocier un traité international de non-prolifération des énergies fossiles.
- Sortir du marché carbone (SEQE-UE) et aligner les objectifs de réduction des émissions sur les Accords de Paris d’ici 2030, notamment en appliquant le principe de pollueur-payeur pour les entreprises.
- « Réviser périodiquement au niveau de l’Union européenne, et par État membre, les plans de réduction des émissions de gaz à effet de serre, fixant des objectifs annuels contraignants ».
- Réduire « drastiquement » le transport aérien notamment en interdisant les vols au sein de l’Union si une alternative « en rail de moins de 4 heures » existe.
- Développer des alternatives à la voiture individuelle et limiter la taille, le poids et les dimensions des SUV autorisés à la vente dans la réglementation européenne.
- Réformer les zones à faibles émissions (ZFE) qui font preuve d’une « trop grande tolérance » à l’heure actuelle. En parallèle, « établir un plan de relocalisation de la production de petites voitures type citadine dans l’Union européenne » et créer une « barrière douanière » contre les véhicules importés.
Reconquête
Les propositions de la liste Reconquête sont de bâtir un plan européen de 500 milliards d’euros de relance de la filière électronucléaire, réduire les taxes sur l’énergie, supprimer les règles de concurrence du marché européen de l’électricité pour baisser la facture d’électricité des Français.
- Le parti se positionne pour la relance du débat autour de l’exploitation du gaz de schiste et financer la recherche sur les sous-sol français et européen.
- La liste propose aussi d’abroger toutes les directives ainsi que les règlements du Pacte vert (neutralité carbone en 2050, interdiction de la vente de véhicules thermiques en 2035 et la stratégie Farm to Fork notamment).
- Jusqu’à supprimer tous les financements de l’éolien et les subventions d’achat de « solaire chinois à prix cassé ».
Les Républicains (LR)
François-Xavier Bellamy a déjà affirmé que l’une des priorités de sa liste sera d’annuler la contrainte de l’objectif 100% de voitures électriques en Europe en 2035 mais aussi de défendre l’énergie nucléaire, assurant une énergie décarbonée dont les prix seraient maîtrisés.
Le parti a également annoncé sa volonté de rester dans le marché européen de l’énergie en soutenant également le projet de réforme.
- Sortir des énergies fossiles et poursuivre la réindustrialisation nucléaire.
- Faire peser sur les Etats membres une taxe sur les centrales à charbon dans l’Union européenne.
- Financer un grand programme de construction de centrales nucléaires dans l’Union européenne et promouvoir la filière hydrogène pour assurer une énergie décarbonée à bas coût et garantir une souveraineté énergétique.
- Réformer la directive sur les passoires thermiques pour se concentrer sur les émissions de gaz carbonique des logements et mettre en place des incitations plutôt que des interdictions
Parti Communiste (PC)
Enfin, le Parti Communiste reste mesuré quant aux actions a menées pour la transition énergétique en Europe :
- Concernant le mix énergétique, ils se positionnent pour un mix équilibré entre nucléaire et renouvelable tout en étant conscient des limites des énergies renouvelables.
- Le nucléaire reste pour eux indispensable, étant en quelque sorte l’écologique de l’avenir. Pour preuve, selon eux, la fermeture de la centrale de Fessenheim a été un non-sens environnemental et social.
- Également, ils souhaitent maintenir la vente de voitures thermiques après 2035, estimant que la France et plus globalement l’Europe ne sont pas prêtes au tout électrique.
Une des solutions en ce sens serait de rouvrir les mines de lithium de l’Allier pour alimenter les batteries des voitures électriques.